« Aujourd’hui, je ne suis pas dedans… » Une phrase vieille comme le monde souvent entendue dans le milieu sportif lorsqu’il y a contre-performance ! À l’inverse, quand il y a performance, on entend plutôt ce genre d’affirmations : « j’étais à fond dans le truc, complètement présent, concentré sur l’instant, dans ma bulle… » Investir le moment présent, voilà qui permet une concentration sans faille, une précision du geste, un investissement physique et un mental propice au bien-être et… à la performance !

Plus facile à dire qu’à faire pensez-vous ? Comment en effet ne pas être perturbé par l’angoisse de la contre-performance, de l’imprévu, du stress de ne pas y arriver, d’un souci émotionnel avec votre compagnon, votre famille, l’un vos proches ?

Vous voulez une recette ? Lisez donc cet article, il vous propose une méthode simple et efficace pour vivre à fond le moment présent. 

L’état idéal de performance est-il contrôlable ?

Alors que j’accompagnais une skieuse à une compétition de descente en slalom, celle-ci réalisa une excellente première manche. Nous reparlions de sa descente et de son état mental à ce moment-là. Elle me dit mot pour mot : « j’étais entièrement dans le présent, comme dans une bulle ! Ma place était ici et maintenant. »

Mais elle me fit part de son angoisse pour sa deuxième manche. « Je ne sais pas si je vais réussir à me mettre de nouveau dans ma bulle, c’est quelque chose que je ne contrôle pas ! »

En effet, certaines théories affirment que ce genre de chose ne se commande pas. Que parfois, « on est dedans » et parfois non ! Faudrait-il donc miser sur le facteur chance pour espérer se retrouver « dedans » et pouvoir établir une performance ?

Eh bien non ! Il y a beaucoup mieux et surtout plus sûr. Et pour ce faire, pas besoin de produits suspects ou encore de matériels en tout genre… Il vous suffira de vous servir un peu de votre cerveau et de ce qu’on appelle communément « la mémoire du corps ».

Petit rappel : comment ça marche ?

Ne vous est-il jamais arrivé de décrire un aliment et d’en ressentir en même temps le goût ? De le retrouver dans sa bouche, rien qu’en y pensant ? Vous pouvez aussi penser aux sensations de la nage, du vélo, du ski et vous souvenir, sans avoir à bouger d’un pouce. Ces ressentis particuliers… c’est la mémoire du corps qui permet de recréer ces sensations dans vos sens.

Il arrive la même chose avec l’esprit. Faites l’expérience de parler pendant 10 minutes d’un sujet qui vous déprime ou vous exaspère… rien de tel pour se sentir déprimer ou colérique ! Parler à l’inverse de ce qui vous motive ou vous fait rêver avec un de vos amis et le monde devient rose, les papillons virevoltent autour de vous, la vie prend une autre saveur !

Ces exemples quotidiens montrent bien que le cerveau active directement en nous ce dont on parle et pense, en faisant référence à sa propre mémoire d’expériences vécues. Bien sûr, des milliers de réactions hormonales jouent sur ce plan pour activer ou inhiber les émotions et créer ainsi l’état général qui fait dire à un sportif : « je me sens bien » ou encore « aujourd’hui je me sens démotivé ».

En conclusion, si parler des sentiments plaisants et des projets motivants arrive à déclencher un état agréable, alors parler de concentration et évoquer le moment présent va provoquer en vous ces aspects. Et progressivement vous allez rentrer, par vous-même, dans votre propre bulle de performance.

L’idée est de diriger vous-même votre cerveau et votre corps vers l’état que vous désirez, plutôt que de laisser au hasard le soin de le faire… ou pas !

Une recette pas comme les autres !

Et maintenant, passons à cette fameuse recette en reprenant l’histoire de la skieuse qui doutait quant à sa faculté de retrouver sa « bulle de performance. »  Vous pouvez réaliser les étapes de la méthode en même temps que vous lisez ces paragraphes. Prenez le temps de fermer les yeux à chaque étape afin de récolter vos précieuses informations sur votre bulle de performance.  

1-Visualiser sa bulle

Je lui demandais alors les caractéristiques de cette fameuse bulle : son diamètre, sa couleur.

Elle fermait alors les yeux et décrivit à haute voix son volume et sa couleur. Pour elle, c’était une sorte de sphère flexible et transparente qui ne laissait passait que les sons nécessaires à l’action.

2-Se retrouver dedans

Je lui posais ensuite la question suivante : « comment te sens-tu quand tu te retrouves complètement dedans ? » Comment vous sentez-vous ?

« Quand je rentre dans ma bulle, je laisse toutes mes angoisses et mon stress à l’extérieur. C’est comme si je rentrais dans la mer. Avant de me baigner, j’enlève mes habits et je les laisse sur la plage, car je n’en ai pas besoin. Ici, je laisse mon stress et tout ce qui me préoccupe à l’extérieur de ma bulle, parce que c’est inutile pour faire ma performance. Sinon, ça serait comme nager tout habiller, c’est pas top ! »

Imaginez votre bulle avec le strict nécessaire. Laissez le reste à l’extérieur, délestez-vous de l’inutile. 

3-Comment se déshabiller d’une émotion handicapante (angoisse, stress) ?

Évidemment, comme vues dans les articles précédents, les émotions ont un caractère inconscient. C’est pourquoi il est important de s’allier avec sa partie inconsciente pour gérer ses émotions. Voilà comment faire :

a) Fermez les yeux, pensez à ce qui vous préoccupe quelques secondes et localisez dans votre corps où l’émotion se créée. (Pour faciliter cette étape, je vous conseille vivement l’article sur « la vision périphérique ») 

b) Portez maintenant une main à cet endroit et imaginez-vous prendre cette émotion dans vos mains, avec tous les ressentis, les images et les sons associés à celle-ci. Maintenant, laissez faire votre inconscient et d’elle-même votre main va se décoller de votre corps et extérioriser l’émotion à l’extérieur de votre bulle.

Si jamais votre main ne bouge pas, c’est que cette émotion est utile pour votre équilibre présent et qu’il faut faire alors un travail plus profond pour permettre à votre inconscient d’apprendre une autre manière d’agir dans ce genre de situation (cf. article « se battre contre soi-même, une nécessitée pour réussir ? ») Il vaut mieux être accompagné pour ce genre de protocole si vous n’êtes pas initié à cette pratique.

4- Habillez votre bulle des émotions qui vous sont bénéfiques.

Maintenant que les émotions handicapantes (stress, angoisses, préoccupations…) sont à l’extérieur, remarquez bien comment votre respiration change, comment vos gestes se libèrent et deviennent légers, comment vos pensées se concentrent sur votre objectif immédiat, comment votre motivation monte… jusqu’au moment où il est insoutenable de se retenir d’y aller !

Mettez dans votre bulle tout (vraiment tout !) ce dont vous avez besoin pour réussir votre projet : une musique qui vous motive, une bonne énergie, votre porte-bonheur, la voie d’une personne qui vous est chère et qui vous encourage… une photo de maman, votre chien, un hot-dog appétissant ! Bref, soyez créatif, lâchez-vous, tout est permis !!

5- Et maintenant : passez à l’action !

Nous verrons dans un prochain article comment ancrer cette bulle dans un espace de votre corps et de votre esprit pour qu’elle devienne encore plus disponible à utiliser pour vous. Autant que d’appuyer sur l’interrupteur pour allumer la lumière ! Mais amusez-vous, vous avez déjà de quoi faire !

Cette méthode peut devenir encore plus efficace couplée avec l’article « Se fixer un objectif pour être plus performant » qui vous permet d’affiner et de cerner parfaitement votre cible.

Messieurs, Mesdames, à vos bulles !