Nous avons vu dans les parties précédentes de cette série d’articles l’intérêt de la préparation mentale et quelques aperçus des effets, tout en abordant un point technique. (voir Partie 2/3).

Les sélections des futurs moniteurs d’escalade ont eu lieu au début du mois de septembre. Parmi les 6 athlètes accompagnés par un membre de Mental Sport, 5 ont réussi leurs épreuves physiques leur ouvrant la voie de la formation professionnelle de moniteur diplômé d’État. Pour finir l’accompagnement, nous leur avons soumis un questionnaire de fin de coaching. C’est en leur laissant la parole au travers de citation sur leur expérience de coaching que nous aborderons certains points pratique, et éthique de Mental Sport et de l’usage de l’hypnose moderne.

Recréer des choix :

« C’est la première fois que je ne vois pas un exam’ comme une corvée… je pense que ça vient aussi d’une reprise de confiance en moi ; surement grâce à l’hypnose ; les résultats de ces séances sont la confiance en moi et la concentration. » Susan L.

Comment se fait-il que certaines personnes cherchent à se dépasser quand ils sont au pied du mur alors que d’autres perdent leurs moyens et leur énergie ?

Ce sont des traits de personnalités me direz-vous… Au-delà de ça, c’est aussi une question de point de vue et de positionnement face à l’épreuve. Comme le dit Susan, le ressenti face à un événement, ou à un enjeu n’est pas figé. Notre cerveau a cette tendance à chercher un cadre et à créer des routines mentales par association d’idées.

Dans ce cas-là : examen/compétition = corvée.

Des associations d’idées comme celle-là agissent à plusieurs niveaux :

Au niveau émotionnel : on imagine bien qu’aller vivre une corvée n’est pas l’état idéal pour réaliser une performance.

Au niveau mental : les pensées deviennent une conséquence de cette croyance et s’articulent autour de cette corvée : « encore un mauvais moment à passer… »

Cependant, nous pouvons changer nos émotions et comportements pour qu’ils deviennent plus efficaces. Pour cela, nous devons rentrer dans le langage émotionnel de nos processus mentaux.

Nous avons tendance à oublier que notre cerveau reptilien et émotionnel fonctionne sur un système binaire : Plaisir/Déplaisir. Or, une fois qu’il est orienté vers le plaisir, celui-ci devient un moteur pour tout le reste.

Comment vous orientez-vous vers un événement qualifié de « corvée » ? Pour la plupart, c’est par le chemin des écoliers, puisque, tout simplement notre cerveau cherche à éviter ce qui lui cause du déplaisir.

En revanche, en changeant de point de vue, une corvée peut devenir motivante si elle devient un obstacle nécessitant, un dépassement ou une porte d’entrée vers un avenir passionnant. En travaillant sur le ressenti interne et les associations d’idées inconscientes, des capacités comme la concentration et l’état de confiance en soi deviennent disponibles. Les émotions, les idées et les états internes s’orientent alors vers l’objectif attrayant.

L’auto-hypnose : un apprentissage vers l’autonomie :

« Pour la lecture et la concentration l’hypnose m’a beaucoup aidé. J’ai fait une auto-hypnose avant mon passage. Au pied de la deuxième voie, j’ai senti des fourmillements et de l’énergie qui partait du ventre et montait dans la tête, c’était assez puissant, j’étais sur-concentré du coup ». Paul.R

Dans le travail de l’éthique de Mental Sport, nous cherchons à démystifier l’hypnose des idées reçues de contrôle et de manipulation de l’hypnotiseur sur le sujet.

Nous considérons l’hypnose comme une technique d’apprentissage puissante où notre mental est sollicité. Nous a-t-on déjà appris à apprendre, à maîtriser nos associations d’idées, ou nos émotions ? C’est justement ce que l’hypnose permet.

Et comme tout apprentissage, il s’enseigne et se transmet. C’est un point important de notre démarche.

Chaque athlète, chaque sportif acquièrent les techniques de pratique de l’hypnose en autonomie. Parce que c’est une valeur importante et parce que cette technique est puissante, cela lui permet de s’approprier les clefs de sa préparation mentale. Comme le montre l’exemple de Paul, l’auto hypnose peut être alors réutilisée sans aide extérieur.

« J’ai désormais plus de clés en main, qu’il faudrait que j’utilise plus pour la mémorisation et la visualisation de l’examen et des voies pour finalement avoir une approche différente et qui fonctionne dans la pratique de l’escalade » Julien D.

Comme Paul, Julien a lui aussi appris l’auto hypnose. Comme il le dit, la préparation mentale avec l’hypnose ne se limite pas à un examen. Imaginez être au meilleur de votre concentration à chaque entraînement, chaque compétition, que votre motivation ne baisse pas, qu’elle se maintient et augmente à chaque défi. La pratique en autonomie de l’hypnose permet d’aborder différemment la pratique physique, n’importe où, et n’importe quand. Alors, pourquoi s’en priver ?

Devenir conscient :

« Concrètement, le travail en hypnose m’a permis de mieux être consciente de ce qui se jouait. » Fanny V.

J’aime assez cette idée « d’être plus conscient » que j’entends régulièrement. Je trouve que c’est une assez belle conclusion sur les apports de l’hypnose. Car, lorsqu’on travaille en hypnose, on accompagne la personne à agir sur ces propres fonctionnements, ceux dont elle n’a pas conscience d’habitude.

L’hypnose permet d’une certaine façon de remettre de la conscience et du choix là où le sportif est figé dans une routine, dans une émotion ou dans un ressenti.

L’usage de l’hypnose devient un moyen de reprendre Conscience et Connaissance de soi.

Un accompagnement bref et éthique :

« Je pense intimement que le travail d’hypnose et le chemin qu’il m’a permis de parcourir m’ont permis de mettre en place ce cadre positif (le jour J)… ça a été un bel élément déclencheur. Fanny V.

Le mental est capable de se projeter dans l’avenir, sinon, nous ne pourrions pas imaginer de demain. Ce procédé est un chemin qui nous amène vers nos objectifs. Revenons une nouvelle fois sur les mécanismes du cerveau et sur la direction que nous avons vu plus haut dans cet article. L’hypnose apparait comme l’outil qui permet à l’athlète de se rediriger vers ce qu’il désire.

Certaines situations ne nécessitent qu’un simple “coup de pouce mental” comme le dit Fanny, elle a mis en place elle-même le cadre positif de sa réussite laissant l’hypnose au rang de “déclencheur.”

L’hypnose en thérapie est connue pour son caractère bref pour créer les changements. En cabinet, elle l’est tout autant pour permettre au sportif de créer son changement.

“Cependant, il est évident pour moi que c’est un moyen qui m’a permis, à moi, de mobiliser mes ressources propres.” Fanny V.

J’ai été assez étonné de voir cette phrase-là dans le questionnaire de fin de coaching. Tout simplement parce que c’est une phrase que les praticiens en hypnose connaissent bien et qui sous-tend tout travail à la fois de coaching, de thérapie et d’accompagnement.

En effet, comme le pensait Milton Erickson (célèbre psychiatre et hypnothérapeute américain), l’hypnose est un outil qui permet au sujet d’avoir accès à ses ressources inconscientes, à ses qualités. De ce fait, chacun à la possibilité non seulement de changer, mais aussi d’être autonome dans son changement. Le praticien en hypnose n’est que de passage sur le chemin de la performance du sportif.

En conclusion :

Deux mois de travail et d’échanges avec ces stagiaires nous ont permis de terminer cette série d’articles en mettant au centre leurs propres avis. C’est en nous basant sur leurs subjectivités que nous avons pu aborder d’autres thèmes techniques et pratiques du travail en hypnose d’une part, et du travail de Mental Sport d’autre part. Nous tenons à les remercier une fois de plus pour leur retour.