Beaucoup de sportifs pratiquent des sports d’endurance et prennent du plaisir à cela. Cependant passé une certaine distance, le mental lâche et ils s’épuisent. L’entrainement est là et ils savent souvent qu’ils ont les capacités physiques pour aller plus loin. Alors comment expliquer ce cap si difficile à passer? Je vous propose de découvrir dans cet article une technique simple pour faire de votre mental un allié et dépasser vos limites dans la pratique de votre sport d’endurance préféré. Nous illustrerons l’utilisation de cet outil dans la pratique de la course à pied.
La vision périphérique: un outil simple mais puissant
La vision périphérique est un outil simple, parfaitement adaptable à la course à pied, permettant de rentrer en état d’hypnose… en courant !
Vous allez comprendre qu’ici nous allons battre en brèche certaines idées reçues sur l’hypnose. Ceux qui croyaient qu’il fallait avoir les yeux fermés, être confortablement installé dans un fauteuil douillé et être bercé par une personne à la voix suave pour entrer dans un état proche du sommeil… c’est loupé !
Ca va même être absolument le contraire. Vous allez apprendre à entrer dans un état dynamique, par vous même, sans entendre la moindre voix… et pourtant cet outil va vous permettre d’être ô combien plus performant dans la gestion de l’effort pendant votre course! Alors on essaie?
Le secret de celui-ci est qu’il permet de vous recentrer sur vous même et de faire le vide en vous. Une forme de douche mentale rafraichissante en plein effort ; permettant d’aller chercher au fond de soi d’autres ressources inutilisées.
Etant une technique d’induction (phase permettant d’entrer en état d’hypnose),elle est également un puissant outil de motivation qui peut être couplé à d’autres exercices simples d’autohypnose permettant de stimuler votre pas de course, réduire votre rythme cardiaque… pour finalement être plus performant et mieux apprécier sa course. Nous découvrirons ces autres techniques dans les articles qui vont suivre. Focalisons nous d’abord sur… cette défocalisation.
La vision périphérique : la technique avant l’effort
Allez, je vous accompagne, courons à votre rythme habituel. Les jambes sont fluides, le corps est détendu, les bras restent souples…
La première étape va être de choisir un point loin devant vous. Il peut être sur un arbre, sur un panneau de circulation, une voiture, une montagne ou tout autre point visible à quelques centaines de mètres devant vous. Vous devez pouvoir le fixer sans forcer, ni sur vos yeux, ni sur la position de votre tête. Inutile donc de chercher un point en l’air. Vous l’avez compris, vous ne devez faire aucun effort pour fixer ce point.
Créez ensuite un lien imaginaire entre ce point et vos yeux ; comme si vous étiez relié à celui-ci par ce fil imaginaire. Imaginez que ce point vous attire fortement, qu’il vous aspire vers lui et que rien ni personne ne peut modifier cette attraction.
Imaginez la couleur de ce fil, donnez lui une épaisseur, une texture particulière, une matière que vous aimez. Ajoutez le maximum de données sensorielles, de détails même s’ils vous semblent superflus. Il s’agit d’imaginer, alors faites vous plaisir!!!
Nous allons à présent apprendre à défocaliser; c’est à dire apprendre à utiliser consciemment la vision périphérique (qui s’oppose à la vision fovéale : celle qui vous permet d’avoir une vue en haute résolution) . L’acuité visuelle moins performante sera largement compensée par cette faculté de mieux percevoir les objets en mouvement.
Tout en restant focalisé sur ce point, vous allez choisir un point à gauche puis à droite du point principal. Puis vous allez continuer à choisir un point encore plus à gauche et un autre point encore plus à droite. Petit à petit vous allez élargir l’horizon tout en restant focalisé sur le point central.
Ce travail de défocalisation horizontale sera terminé lorsque vous percevrez un horizon à +/- 180 degrés.
De la même manière vous allez apprendre à défocaliser de manière verticale. L’idée est ici de reprendre le même processus et d’élargir votre horizon de bas en haut progressivement jusqu’à percevoir un panorama complet vous permettant d’être totalement défocalisé.
Lorsque vous arrivez à proximité du point principal, vous n’avez qu’à en choisir un autre et recommencer le processus. Cela va devenir naturel et intuitif rapidement avec un peu de pratique.
La vision périphérique : les atouts pendant l’effort
L’exploitation de cet outil va vous permet d’être beaucoup plus sensible aux mouvements des choses et des personnes qui évoluent autour de vous mais également d’être plus centré sur vous.
Comme nous l’avons énoncé précédemment, la vision périphérique est une méthode inductive, c’est à dire qui vous permet de rentrer en état d’hypnose. C’est souvent la première étape d’un travail plus profond. Nous verrons plus tard quels exercices peuvent être couplés pour un travail plus poussé, centré uniquement sur la performance ou le bien être du coureur.
En attendant la simple utilisation de cet outil est en soi suffisante pour vous procurer bien du plaisir et du confort dans vos entrainements de running.
En vision périphérique, si vous êtes bien attentif à ce qui se passe en vous, vous pouvez percevoir que le dialogue intérieur (ie : cette petite voix qui vous accompagne toute la journée) a probablement disparu et que le fil des pensées est coupé! Adieu pensées parasites qui mettent en berne votre mental!
D’autres part, vos sensations et vos émotions sont certainement largement affaiblies voire inexistantes. Cela s’explique de la façon suivante : le fait de favoriser un canal sensoriel (ici le canal visuel) laisse moins de place aux canaux kinesthésiques (émotions et sensations) et auditifs.
Les applications concernant la gestion de l’effort sont ainsi nombreuses et je laisse votre créativité déterminer quelles sont les applications les plus utiles pour vous. A titre d’exemple, on peut ainsi mieux gérer l’effort, la douleur, les montées du rythme cardiaque pendant les phases de fractionné, le mur du 32ième kilomètre…
N’hésitez pas à partager avec nous vos différentes applications de cette technique.
Avec un peu d’entrainement vous atteindrez cet état sur commande et avec un minimum d’énergie. Cela deviendra un automatisme. Vous aurez également la possibilité de rester dans cet état aussi longtemps que vous le souhaitez.
Il se peut qu’au début de votre pratique, vous ressentiez une certaine fatigue oculaire. Ceci est absolument normal. N’hésitez pas à refocaliser, fermer et ouvrir les yeux plusieurs fois pour les ré-humidifier.
Il ne vous reste qu’à profiter! Alors… Jusqu’où irez vous dans la performance ?
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Bonjour,
merci pour ce très bon article. Je voulais savoir si cette technique de la vision périphérique pouvait être appliquée durant par exemple les séances de musculation, où le champ de vision est moins dégagé et moins “constant” qu’en running, car il faut souvent changer de positions.
Merci !
Bonjour,
Bien sûr! La vision périphérique est utilisable partout et pour n’importe quelle discipline. Avec un peu de pratique vous la déclencherez à volonté en quelques secondes dans n’importe quel environnement, même avec un champs peu dégagé, sombre ou mouvant. Dans ce dernier cas, le mieux est de refocaliser pour défocaliser ensuite. Le meilleur conseil que nous puissions vous donner est de tester et de nourrir cet article avec ce que vous avez appris! Alors à bientôt!
Bonjour,
Puisque l’on parle de musculation, je m’étais servi de cette technique entre autres pour tenir une heure sur l’exercice de la chaise. Cela consiste à s’asseoir le dos contre un mur avec les jambes pliées comme si on était assis sur une chaise. Il faut contracter les cuisses en permanence pour ne pas glisser par terre. C’est donc vite dur mentalement.
Je me concentrai sur la diode de mon écran en face de moi, puis je laissai partir mon regard pour que ma vision devienne peu à peu floue. J’ai beaucoup mieux réussi dans la deuxième partie et les 30 dernières minutes ont donc été plus facile que les 30 premières. en fait, je n’ai pas cessé de rentrer et de sortir de cette auto-hypnose.
J’ai essayé d’autres techniques mentales sur cet exercice pour m’aider à progresser mais la défocalisation est ce qui m’a le mieux réussi.
Normalement sur ce genre d’effort douloureux on a très vite l’impression que le temps ralenti. Et bizarrement, dans cet état, cette impression de ralentissement du temps se produit moins. Dans les moments où je suis bien dedans j’ai pratiquement l’impression que le temps s’écoule à une vitesse normale, ce qui aide beaucoup.
La douleur est également plus supportable. J’ai eu aussi la surprise d’avoir quelques courtes périodes durant lesquelles je ne sentais plus rien. Ni douleurs, ni la sensation de devoir fournir un effort, j’avais juste l’impression d’être comme réellement assis sur une chaise. Ça me fait penser à l’image, d’être dans l’œil du cyclone, subitement on entend plus rien, c’est calme dans le corps et dans la tête. Et puis doucement la concentration lâche on quitte l’auto-hypnose et la douleur, la brûlure et l’obligation de devoir lutter pour forcer reviennent.
Bonjour Franck,
Merci pour votre commentaire enrichissant.
Effectivement, en saturant un sens (ici le sens visuel) vous “réduisez” l’accès au autres sens (kinesthésique -émotions/sensations/ressenti et auditif -externe et interne). Votre état de conscience se décale, créant un des états hypnotiques qui laissent cette impression que le temps s’écoule différemment (parfois plus vite, parfois moins vite… alors que pour d’autres le temps s’écoule “normalement”).
Nous pouvons donc, entre autres, utiliser cette technique pour les sports nécessitant un effort soutenu.
Une autre technique peut permettre de vous aider d’avantage : assis sur votre chaise, et après un certain temps en vision périphérique, vous pouvez également fermer les yeux et vous voir de l’extérieur. Regardez vous assis contre le mur, tout en notant le maximum de détails… Ceci va également avoir des conséquences notables sur la gestion de l’effort et de la douleur. Nous consacrerons un article pour cette technique.
A bientôt et bon entrainement,
Bonjour Florent,
Je suis actuellement entrain de préparer une natation longue distance 26km en polynésie.
L’angle du regard se modifiant réguliérement comment puis je appliqué la vision périphérique ?
Merci pour votre réponse
Cyril
Bonjour Cyril,
La vision périphérique est basée sur la défocalisation. L’idée de fixer un point facilite celle-ci mais n’est en aucun cas un élément obligatoire. Une fois que vous vous serez habitué à celle ci en l’utilisant régulièrement, elle deviendra un automatisme et un outil précieux. Vous n’aurez alors plus besoin d’un support (ie : le point). Vous pouvez ainsi vous mettre en état d’hypnose en état dynamique.
Je vous conseille dans un premier temps de l’expérimenter dans l’eau et hors de l’eau et de ressentir comment le principe fonctionne. Cet apprentissage “par le ressenti” vous permettra de vous détacher de la technique et de l’utiliser naturellement et intuitivement durant vos courses de natation.
N’hésitez pas à nous tenir au courant de vos expérimentations,
Bon entrainement et à bientôt.
Merci florent pour ces précisions qui m’ont bien aidé lors de mes derniers entrainements.
Actuellement la difficulté que je ressends est la difficulté de gérer la douleur et la fatigue passé les 5km..
Merci encore pour vos conseils.
Cyril
Bonjour Florent,
BRAVO pour votre travail et surtout avoir oeuvré pour le communiquer à qui veux bien le lire.
Depuis quelques années je pratique le parapente qui nécessite un déplacement en 3d. Cette vision périphérique à d’abord été pour moi un élément de sécurité pour voir d’autres volants, petits avions, oiseaux, etc puis elle est devenue un plaisir. La concentration sur le dévellopement de notre potentiel visuel induit en effet de “purge” de notre stress (travail) et libère l’esprit de pensées parasites. L’augmentation de ce champs visuel me procure aussi une sensation animale comme un « plus » que le non initié n’a pas. Enfin, après avoir franchi le pas le l’introspection, je découvre par le net de multiples application comme ce qui est décrit plus haut.
Merci
Pierre