Il était une fois… Pour un enfant qui entend ces mots (et pour l’adulte aussi), c’est une invitation à devenir autre chose, un héros, une princesse ou tout autre symbole imaginé. Les enfants arrivent à vivre des expériences incroyables, grandeurs nature en utilisant cette capacité universelle. En quoi cela devrait-il être différent pour le sportif qui décide un jour de s’améliorer, de se dépasser, d’aller au bout de lui-même ?[divider]

Un processus naturel : l’imagination.

Dans le sport moderne, il est de plus en plus courant d’entendre parler de visualisation, d’imagerie mentale ou de répétition mentale.

D’où vient l’efficacité d’un tel processus ?

Plusieurs termes peuvent se cacher sous le concept d’imagerie mentale (visualisation, pratique mentale, répétition mentale). Dans tous les cas, l’imagerie est le fait d’utiliser tous les sens pour créer et reproduire une expérience dans son esprit.

La différence entre imaginaire et réel.

Notre cerveau ne fait pas complètement la différence entre le réel et l’imaginaire. C’est notre cerveau rationnel qui analyse et qui pose une logique qu’il perçoit comme réel. Notre cerveau émotionnel, le cerveau limbique, ainsi que notre cerveau reptilien, ne font pas cette distinction. D’ailleurs, si vous repensez à quelque chose qui vous a été agréable, vous ressentez généralement assez vite une sensation agréable. Le corps réagit.

Avec cette habileté d’imagination et les yeux fermés vous pouvez par exemple vous imaginer un gâteau, sa forme, sa couleur (visuel), son odeur en le sortant du four (olfactif), le croquer (kinesthésique), entendre son craquement (auditif) et ressentir son goût (gustatif) sans que ce gâteau soit ici devant vous.

Se visualiser et observer pour faire.

Nous savons que nous avons tendance à apprendre par mimétisme. Lorsque nous nous imaginons meilleur dans une activité physique, très souvent on est meilleur après. De plus, pour les sportifs qui ne maîtrisent pas totalement leur imaginaire, quand on prévoit mentalement une erreur dans un geste, elle a de nombreuses chances d’avoir lieu durant l’exécution. La découverte des neurones miroirs permet d’expliquer ce processus.

Cette découverte a été faite au milieu des années 1990. Elle a fourni une base cellulaire à ce phénomène d’apprentissage physique. Ces neurones s’activent dans le cerveau lorsque nous voyons se réaliser la même action que celle dans laquelle ils sont normalement impliqués quand nous faisons nous-mêmes cette action. De plus, ce phénomène s’étend à l’observation d’un tiers exécutant une action physique. Autrement dit, le seul fait d’observer quelqu’un faire un geste augmente dans notre cerveau l’activité des régions que nous activons normalement quand nous faisons ce geste.

–          Vous imaginez vous-même en train de faire l’action, active les zones du cerveau mises en jeu durant l’action réelle.

–          Voir quelqu’un d’autre réaliser une action permet une activation de votre cerveau pour tendre vers la même réalisation.

Et l’hypnose dans tout ça ?

L’imagerie mentale est par nature une modification de la conscience pour prévoir une action. Par définition, elle est déjà une technique d’hypnose. L’hypnose moderne met en jeu une partie plus inconsciente de la personne, notamment grâce aux suggestions. Celles-ci sont remplacées par ses propres pensées lorsque le sportif pratique l’auto hypnose.

Comment l’utiliser ?

L’imagerie permet alors de reproduire des expériences passées, mais aussi d’en créer de nouvelles qui n’ont jamais appartenu au passé. Dès que nous utilisons nos sens liés à notre imaginaire, nous créons un pont dans notre esprit vers le « monde réel ».

Il est également possible de s’imaginer sous deux angles : soit dans son propre corps, soit en se voyant faire, comme en étant spectateur de soi-même.

De l’acteur au metteur en scène.

Nous pouvons adopter deux perspectives en imagerie mentale. Dans la perspective externe, appelée « dissociée », nous nous imaginons comme si nous nous regardions en vidéo. Par opposition, lorsque nous voyons les événements à travers nos propres yeux, comme si nous y étions, nous utilisons alors une perspective interne, appelée « associée ». Cette forme d’imagerie sollicite davantage les sensations kinesthésiques du corps.

–          Utilisez tous vos sens.

–          Passez de la position « associée » à « dissociée » pour peaufiner votre visualisation.

Quelques idées d’utilisation de l’hypnose en visualisation :

Accélération d’apprentissage d’un mouvement de gymnastique :

Résultat : la réalisation de la figure est passée de 2/10 à 9/10 en deux jours.

Répétition d’une voie d’escalade, en jouant sur la vitesse de la visualisation :

 « Je visualise ma voie d’escalade en vitesse accélérée. Du coup, très souvent, lorsque je grimpe, au début de la voie, j’ai l’impression que mon cerveau est déjà beaucoup plus loin que moi dans la voie. Il y a un temps bizarre durant lequel mon corps prend plus de temps que ma tête avant que tout revienne au même endroit. » Simond Duverney, équipe France d’escalade sur Glace.

En jouant sur la vitesse de visualisation, nous estompons la différence entre la performance imaginée et la performance réelle.

Prise de distance en équitation pour que l’athlète se fasse un auto feed back.

Modélisation (voir article sur ce sujet).

Conclusion :

Prendre conscience de la manière dont nous nous projetons mentalement peut devenir un atout majeur dans le conditionnement du sportif. Le lien entre l’imaginaire et la performance apparait comme étant un des premiers schémas d’action motrice envisagée par le cerveau. Par contre, pour aller au-delà de vos limites, autant le faire dès cette étape d’imagination. Pourquoi ne pas vous imaginer vous préparer, vous habiller, vous échauffer avec tout un orchestre de musique jouant pour vous les plus grandes symphonies ? Testez, en s’amusant! Vous pouvez ajouter d’autres leviers émotionnels qui amélioreront votre préparation mentale. Les seules limites ? Votre imaginaire.